Stationner sous cou-vert

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L’extension du parking ’t Zand à Bruges a vu le jour : « le Park-ing »

CIT Blaton a été chargée de l’agrandissement du parking ‘t Zand au cœur de Bruges, pour le compte d’Interparking. La ville a intégré à son plan de mobilité l’aménagement d’emplacements de stationnement en plus grand nombre et plus facilement accessibles en périphérie du centre. Trois nouveaux étages en sous-sol ont donc été aménagés sous le parc Roi Albert Ier, pour un total de 635 places de parking supplémentaires. L’implantation souterraine s’est faite dans le total respect des arbres remarquables ornant le parc en surface. Moins de trafic en ville, les voitures rangées au sous-sol et pour le reste, la nature et le calme en surface : la mission confiée valait la peine et Jan Hoste, ingénieur civil en construction, tout comme Salvatore Bono, architecte, l’ont pleinement soutenue. Ils ont fait appel à Ergon.

Nous avons rencontré Salvatore Bono de BOVAArchitects (Gand) et Jan Hoste du bureau d’étude éponyme établi à Bruges. BOVAArchitects est le bureau de Salvatore Bono et Hilde Vandewalle. Jan Hoste était en charge de la direction du projet et du plan de stabilité. Grâce à leurs plus de 45 ans de carrières cumulées, ils affichent l’un comme l’autre d’innombrables ouvrages de construction et d’art, d’infrastructures, mais aussi des parkings souterrains à leur palmarès.

Un Italien à Bruges ?

 Salvatore Bono : J’ai débuté ma carrière d’architecte en Italie mais j’ai déménagé en Belgique voici 25 ans avec mon épouse Hilde Vandewalle, qui est également architecte. Cela fait une dizaine d’années maintenant que nous possédons notre propre bureau mais j’ai aussi travaillé pour de grands cabinets. À Bruxelles, par exemple, j’ai collaboré à l’aménagement du bâtiment Postchèque pour la Communauté flamande. J’ai aussi été l’architecte-concepteur en charge de la restauration du Pier de Blankenberge, de l’hôpital ZENO à Knokke et de la gare de Malines, en cours de réalisation.

Avec Hilde, nous avons conçu le nouveau siège du CSTC à Zaventem, qui sera inauguré en octobre. Il s’agit d’un projet de bureaux particulier pour lequel nous avons mis en œuvre les concepts les plus avancés en matière de durabilité et d’écologie en guise de projet de démonstration d’une construction circulaire, dans le cadre du programme Green Deal de la Commission européenne.

« L’intégration dans le cadre historique et dans son environnement protégé par l’UNESCO a représenté un immense défi pour tout le monde. »

Salvatore Bono

Architecte, BOVAArchitects

« La collaboration avec l’équipe d’Ergon nous a donné un ensemble techniquement intégré unique, le « Park-ing », qui fusionne harmonieusement la structure, les techniques spéciales, l’architecture et le paysage. »

Jan Hoste

Bureau d’étude Jan Hoste

Votre collègue Jan, quant à lui, joue à domicile, non ?
Jan Hoste : Effectivement ! J’en profite pour souligner qu’en matière de parkings souterrains, Bruges fait office de véritable pionnière. Nous nous y sommes employés dès le début des années ’80. Depuis lors, la ville compte une dizaine de structures en sous-sol spécifiquement réservées au stationnement. Avec ce nouveau projet en marge de ‘t Zand, nous en sommes à la quatrième extension du parking souterrain après celles de 1981, 1992 et 2000.

Vous vous montrez très enthousiaste !
J.H. : C’est effectivement une superbe construction, soigneusement dissimulée sous le parc Roi Albert Ier, entre le Concertgebouw et la statue de notre souverain. Cette extension porte la capacité totale du parking ‘t Zand à 2000 emplacements environ, à lui tout seul. Tout en sous-sol. Si l’on ne considère que les parkings privés, c’est l’un des plus grands de Belgique.

Comment avez-vous concilié « l’intrusion architectonique » de cette construction souterraine et son environnement historique ?
S.B. : L’intégration dans le cadre historique et dans son environnement protégé par l’UNESCO a représenté un immense défi pour tout le monde. Outre les conditions archéologiques, les arbres classés du parc ont aussi joué un grand rôle. C’est pourquoi le parking présente une forme tout à fait particulière. Je dis toujours que les principaux architectes de ce parking ont été les arbres et pas les hommes.

Combien a-t-il fallu pour aménager les trois niveaux du parking en sous-sol ?
J.H. : Les entretiens préliminaires avec Interparking et la ville de Bruges ont débuté il y a sept ans. Cela concerne en effet un projet d’envergure sous l’égide de la Région flamande. Le projet en lui-même a duré près de deux ans. Lors de la phase d’adjudication, le choix s’est porté sur CIT Blaton pour réaliser les travaux. C’était au tout début du printemps, il y a deux ans. Nous venions à peine de commencer et deux mois plus tard, c’était la pandémie du coronavirus qui a failli faire capoter les choses.

Comment cette extension du parking ‘t Zand s’est-elle sortie de cette période chaotique due à la pandémie ?
J.H. : Pendant un certain temps, les perspectives ont été mauvaises. C’était une décision difficile pour Interparking de poursuivre les travaux, car moins de touristes signifie un chiffre d’affaires en berne. Regardez Zaventem et ses parkings fermés. Roland Cracco, le CEO d’Interparking, a alors décidé qu’on allait continuer par phases. Les terrasses, les murs de soutènement, la dalle de fondation, la structure, l’aménagement en surface : tout a été mené à bien par étapes distinctes. Lors de l’adjudication, nous avions fixé un délai de construction d’environ 16 mois et nous nous y sommes tenus. Le parking doit être opérationnel pour le week-end de Pâques de cette année. Quant à l’aménagement de la plaine en surface, la date butoir est la fin mai.

Quelle part a représenté le préfabriqué dans cette réalisation remarquable ?
J.H. : Est-ce que la réalisation aurait été possible sans recourir au préfabriqué ? Clairement, non. À moins de rendre la vie impossible non seulement aux équipes mais aussi à tous les intervenants actifs dans le projet ainsi qu’aux riverains et à tout le quartier. Le préfabriqué est inestimable pour ce genre de projet en raison de la pression de la nappe phréatique, du planning serré et pour limiter autant que possible l’impact de la construction souterraine sur le fonctionnement de la ville. J’estime aussi qu’il est important de souligner que l’ingéniosité et la technologie d’Ergon ont joué un rôle majeur. Je pense plus particulièrement aux colonnes télescopiques, très larges en partie basse et plus étroites à mesure qu’elles s’élèvent. Elles supportent toute la structure et ont été d’un précieux soutien pour ce projet – au sens figuré mais aussi au sens propre.

S.B. : Dès le départ, nous nous sommes concentrés sur l’optimisation du processus de construction, tant d’un point de vue économique que pour limiter l’impact sur le centre urbain. Dans ce contexte, nous avons également travaillé en étroite collaboration avec les techniciens d’Ergon et leur bureau d’études. Cela nous a permis de concevoir les poutres préfabriquées de 16 mètres de portée, typiques de ce parking, mais aussi d’autres nœuds constructifs préfabriqués (poutre-poutre, poutre-colonne,…) qui ont amélioré l’efficacité du processus de construction. La collaboration avec l’équipe d’Ergon nous a donné un ensemble techniquement intégré unique, le « Park-ing », qui fusionne harmonieusement la structure, les techniques spéciales, l’architecture et le paysage.

Quelqu’un s’est aussi rendu sur place, prendre le pouls de la production à l’usine d’Ergon.
S.B. : Oui, c’était moi. Je voulais expliquer personnellement et le mieux possible tous les détails de cette réalisation complexe et voir de mes yeux comment les énormes colonnes appelées à supporter 1000 tonnes étaient coulées en béton spécial. À cette occasion, je ne me suis pas contenté de m’entretenir avec les ingénieurs. L’enthousiasme et la motivation des ouvriers à réaliser leur travail m’ont franchement impressionné. Tout y est fignolé dans le moindre détail : pour un architecte, c’est le rêve.

Rien que des louanges pour ce projet brugeois, donc…
S.B. : Quand on regarde en arrière, nous ne pouvons pourtant pas nous empêcher d’avoir le cœur lourd. Nous avons appris à connaître Jan De Cauwer. Il était l’ingénieur en stabilité de CIT Blaton qui a aidé Jan et Ergon à finaliser le projet. L’an dernier, il est décédé, emporté par une avalanche alors qu’il était en vacances au ski. Nous sommes vraiment désolés de ne pas pouvoir partager la joie de ce projet mené à son terme avec lui et sa famille.

Les solutions Ergon : efficaces pour relever les défis en sous-sol

Un niveau d’eau élevé
Le niveau de la nappe phréatique se trouve à peine à 4 mètres de la surface du sol. Le site du chantier se trouve quant à lui à 8 mètres au-dessus du niveau de la mer et le parking plonge à environ 10 mètres. La pression hydraulique s’élève à environ 7 mètres de colonne d’eau, soit 7 tonnes par mètre carré.

Murs de soutènement
C’est pourquoi nous avons travaillé avec des murs emboués, des parois de soutènement étanches posées jusqu’à la couche d’argile profonde, à 23 mètres dans le sol. Quand on creuse aussi profond, l’épuisement d’exhaure de la fouille n’a pratiquement plus d’influence sur l’environnement. Donc pas de tassement à craindre pour les bâtiments voisins ou d’autres inconvénients.

Ancrage à l’aide de 300 pieux de traction
La dalle de fondation est ancrée par des pieux de traction dans les profondeurs du sous-sol. Nous en avons utilisé environ 300, chacun offrant une capacité de 65 tonnes.

Un mécano de colonnes télescopiques
Le mécano construit par Ergon compte 21 colonnes qui, en situation d’utilisation, supportent environ 1000 tonnes ; elles soutiennent 2 travées implantées sur l’axe médian avec une portée de 16 mètres en hourdis SP reposant sur des consoles sur les murs emboués.

Poutres R
Les poutres R de grande section, couvrant une portée de 16 mètres et disposées tous les 2,50 mètre, supportent la dalle de recouvrement. Ces poutres sont conçues pour supporter la masse de terre de plus d’un mètre, voire parfois 2 mètres, mais aussi les charges mobiles qui pourraient venir s’y ajouter car la ville utilise le parc qui couvre le parking pour les fêtes foraines ; la dalle doit donc pouvoir supporter les attractions qu’elle accueille.

Une forme courbe
Pour préserver les groupes d’arbres remarquables, le parking a été conçu suivant une forme courbe.

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