Projet Gedempte Zuiderdokken

Thomas Quirynen: « Van Laere est un entrepreneur de classe 8 qui peut se prévaloir d’une expertise dans une foule de domaines : bâtiments résidentiels et utilitaires, mais aussi génie civil, aménagements ferroviaires ou encore génie hydraulique. Les projets auxquels il a participé sont donc très diversifiés. J’ai fait mes débuts dans la société voici huit ans, à la fin de mes études, et j’ai progressé dans la hiérarchie jusqu’à devenir responsable de projet. La diversité des missions constitue un attrait à mes yeux. C’est aussi le cas avec le chantier des Gedempte Zuiderdokken, qui reste malgré tout un projet d’assez grande envergure pour Van Laere. »

Vous creusez ici au coeur même de l’histoire d’Anvers. Qui ne connaît pas les Gedempte Zuiderdokken ?
T.Q.: « Pendant des années, ce lieu était connu de tous – et souffrait peut-être d’une mauvaise réputation – parce que c’est là que se déroulait le Sinksenfoor, la foire d’Anvers. Mais l’histoire est bien plus riche que cela : c’est aussi à cet endroit que le duc d’Albe a fait construire une citadelle au XVIe siècle. C’était la pierre angulaire d’un ouvrage gigantesque connu sous le nom de ‘remparts espagnols’. Les Anversois avaient appelé l’endroit le Dwangburcht –la bastille. Quiconque enfreignait les règles de l’époque par son comportement y était emprisonné. Au XIXe siècle, la citadelle a cédé la place au Musée des Beaux-Arts et à trois docks : le quai aux pierres (Steendok), le quai des bateliers (Schippersdok) et le quai au charbon (Kooldok). Quatre-vingts ans plus tard, la taille grandissante des navires allait sonner leur glas. Les docks ont donc été comblés – d’où ‘gedempte’ – pour pouvoir faire office de parking gratuit pour les voitures et accueillir la foire annuelle. »

Ergon a conçu ces poutres IHS spécifiquement pour ce parking.
T.Q.: « C’est exact, j’ignore d’ailleurs si elles figurent déjà au catalogue. Ergon a développé ces poutres pour assurer le transfert de l’énorme
charge de couverture du parc aménagé en surface (un mètre et demi de terre arable). Dans un premier temps, nous avions imaginé utiliser des poutres R étroites mais grâce à l’excellente collaboration entre Van Laere et Ergon et aux études réalisées de concert, l’idée nous est venue de concevoir un nouveau type de poutre de travée en forme de ‘H’ disposé latéralement, d’un mètre de largeur. Le toit est donc composé de ces poutres qui reportent la charge vers le bas. De loin en loin, nous avons aussi utilisé des colonnes CC rondes d’un étage de hauteur, mais la particularité ici se trouve bien au niveau du toit. »

Cela n’a pas été trop compliqué de manipuler de telles charges en plein coeur de la ville ?
T.Q.: « Quand on veut, on peut. Nous disposons de tout le matériel nécessaire sur le site et Ergon se charge de la production. Nos contacts chez Ergon sont aisément joignables et la communication se passe bien, ce qui facilite forcément les choses. Le chantier doit être terminé pour les congés du bâtiment en 2022. C’est à ce moment que le deuxième parking doit être inauguré. Le premier – le parking Steendok aménagé à l’ancien quai aux pierres, est déjà en service. »

Plus le défi est complexe, plus la quête de la sécurité s’impose.
T.Q.: « Effectivement. L’avantage d’une société comme Ergon, c’est qu’elle se repose sur une organisation parfaitement huilée. Elle dispose ainsi d’un certain nombre de concepteurs-dessinateurs internes. C’est totalement différent quand vous collaborez avec un plus petit fournisseur qui travaille généralement de manière moins organisée et moins structurée. Ergon est un précurseur dans le domaine du béton précontraint et du béton préfabriqué. Et à ce jour, elle jouit d’une excellente réputation. »

Le niveau -1 de ce parking dévoile un pan de l’histoire anversoise.
T.Q.: « Ces docks remblayés ont bien résisté à l’épreuve du temps. Au premier étage en sous-sol, on peut ainsi voir l’empierrement naturel de l’ancien mur de quai. Ce mur descend d’ailleurs bien plus bas. Il mesure neuf mètres et demi de hauteur pour une largeur de quatre mètres à la base, sans compter une fondation surélevée par-dessous et un béton d’isolement de cinq mètres de large et d’un mètre d’épaisseur. Il s’agissait donc véritablement d’un ouvrage d’art titanesque, surtout à l’époque. Seul le lit de pierres supérieur a été démoli. Aux trois étages inférieurs, la finition laisse voir les parois moulées brutes. »

Combien d’emplacements de stationnement le Central Park à l’anversoise abritera-t-il ?
T.Q.: « Le parking Steendok propose 900 emplacements tandis que le parking Kooldok en offrira 1.100, car il mesure vingt mètres de plus. Chacun d’eux est doté d’une entrée et d’une sortie. Les entrées se trouvent au périmètre de la place tandis que les sorties débouchent dans les rues transversales afin de limiter autant que possible les mouvements de circulation sur la plaine centrale. Toute la zone des Gedempte Zuiderdokken sera classée en zone résidentielle et le trafic automobile y sera donc strictement limité. »

Pourrons-nous bientôt nous garer la fleur au fusil en plein coeur de la ville ?
T.Q.: « Je ne sais pas si la perspective d’utiliser ce parking est aussi plaisante à l’esprit qu’une visite à la foire Sinksenfoor, mais le fait que la
Ville d’Anvers transforme une place hideuse en un parc verdoyant abriant 2.000 places de parking par-dessous n’est franchement pas une mauvaise chose, n’est-ce pas ? »