Zeebruges accueille un nouveau pont mobile pour franchir le Verbindingsdok.
L’association momentanée Artes – Victor Buyck – Agidens – SBE se sent comme un poisson dans l’eau face à ce genre de chantier. Car les particularités ne manquent pas : le pont en lui-même, mais aussi la méthode de construction, le transport écologique des pièces par bateau et… les solutions préfabriquées durables qu’Ergon met à la disposition de ce projet.
Peut-on dire que ce pont tournant est taillé pour vous ?
Tony Gruwez: « Certainement. Le Groupe Artes est parfaitement familiarisé avec ce genre de projet. Mais ce pont inscrit à lui seul un record à son tableau de médailles : c’est le plus grand pont tournant d’Europe. Avec ses deux avancées fixes en béton préfabriqué précontraint, il mesure au total 400 mètres, la travée centrale étant composée d’un pont mobile en acier de 130 mètres. C’est un pont tournant symétrique, ce qui signifie qu’il pivote horizontalement autour d’un point axial centré sur sa longueur. »
Quel rôle endosse le béton préfabriqué d’Ergon dans cette saga ?
T.G. : « Les deux ponts composant les avancées fixes sont préfabriqués. Nous avons battu des pieux tubulaires dans le sol et les poutres principales d’Ergon – des modèles lourds – viennent se poser sur les plates-formes de ces piliers. Les poutres doivent être bétonnées ensemble. Normalement, on installe les coffrages au-dessus de l’eau, mais c’est une technique que nous n’appliquons pas. Nous préférons les assembler par bétonnage sur la terre ferme. Nous disposons pour ce faire d’une zone d’un demi-kilomètre de long qui nous permet de préfabriquer ces poutres principales. »
Il semble donc que vous ayez opté pour une approche particulière.
T.G. : « Nous disposons trois poutres parallèlement en veillant à l’exactitude de leur écartement et de leur niveau, puis nous coulons le tablier par-dessus. Une fois l’ensemble solidarisé, nous soulevons la section d’une pièce – elle pèse tout de même ses 350 tonnes. Les poutres les plus longues mesurent 33 mètres et pèsent 55 tonnes. Ergon achemine la plupart d’entre elles sur place, par barge. Une fois qu’elles sont à quai, nous devons liaisonner ensemble les douze plus grandes.
L’îlot central accueillant le pivot du pont tournant en acier repose sur huit pieux tubulaires. Par-dessus vient se loger une plate-forme préfabriquée en béton mesurant 14 mètres sur 14,75 et armée de 90 tonnes de ferraillages. L’ensemble pèse environ 350 tonnes. Nous l’avons soulevé en une fois et mis en place grâce à notre grue sur ponton. »
En matière de construction, le Groupe Artes apprécie les challenges et les chantiers uniques en leur genre. Un pont mobile, le plus grand d’Europe, ne pouvait faire tache dans son carnet de commandes. Tony Gruwez, responsable de chantier senior, travaille depuis plus de 17 ans chez Artes-Depret et s’est spécialisé dans les travaux de génie civil comme les tunnels et les ponts.
Un véritable exploit…
T.G. : « Je ne vous le fais pas dire. Cela a nécessité un solide travail d’étude préalable, réalisé en partie par Ergon et par le bureau d’étude
SBE. Le poids à soulever, la méthode et les points de levage, le matériel à utiliser, les sangles,… Toutes ces questions devaient trouver réponse. Aucune n’est d’ailleurs trop simple ni trop complexe, oserais-je dire, si vous avez correctement préparé le travail et si vous disposez des bonnes personnes et des machines appropriées. »
Et les bons partenaires ?
T.G. : « Bien sûr ! Ici, on ne parle pas vraiment de petites poutres ‘ordinaires’, mais de produits complexes et calculés avec une extrême précision, qui nous sont fournis par Ergon. Je suis donc enchanté de pouvoir compter sur une équipe aussi professionnelle dont le savoir-faire nous est très précieux. »
Le pont s’ouvrira-t-il dans les temps ?
T.G. : Pivotera-t-il, voulez-vous dire ? Nous sommes dans les délais. Nous avons débuté en octobre 2020 et nous préparons actuellement les éléments préfabriqués. Les pièces de béton les plus volumineuses seront mises en place avant les congés d’été. Le délai d’exécution total s’élève à 18 mois ; le pont doit donc être opérationnel d’ici la mi-2022.